Des douleurs abdominales régulières, des problèmes de constipation ou de ballonnements quand les règles arrivent, de fortes crampes dans le bas-ventre pendant la menstruation… Ces symptômes peuvent être évocateurs d’une endométriose digestive.
Cette forme de la maladie est souvent méconnue, mais elle touche pourtant 1 patiente sur 5 parmi les femmes concernées par cette pathologie. Explications.
Difficile d’imaginer que des symptômes s’exprimant sur les intestins, le colon ou le rectum ont un rapport avec la muqueuse utérine et l'endométriose. Et pourtant…
Il s'agit d'une maladie insidieuse qui se définit par la migration de tissus provenant de l’utérus vers d’autres organes. L’une de ses formes sévères est l’endométriose profonde, dont l’endométriose digestive est une variante. L’endométriose profonde peut affecter l’appareil digestif, en infiltrant les différentes couches de la paroi du rectum, du colon, de l’intestin grêle et de l’appendice. L’atteinte du tube digestif représente probablement la localisation « non gynécologique » la plus fréquente de l’endométriose.
On imagine souvent que souffrir pendant ses règles est "normal", mais l’intensité des douleurs ressenties et leur localisation autour des organes digestifs sont parfois des signaux forts.
Elles doivent inciter les femmes à consulter leur médecin pour évaluer si elles sont liées à une maladie, l’endométriose, ou à de « simples » dysménorrhées (douleurs de règles), qu’il ne faut pas non plus banaliser.
L’ensemble de ces symptômes renvoie au cadre clinique de l’endométriose digestive. Sous cette forme, la maladie peut aller jusqu’à causer une occlusion intestinale en créant de petits kystes dans les voies digestives.
Quelle que soit la forme de l’endométriose, le diagnostic est posé suite à des examens radiologiques.
Dans le cas de l’endométriose digestive, selon les cas, une IRM pelvienne, une échographie endovaginale, un coloscanner… doivent être pratiqués pour évaluer très précisément l’étendue et la profondeur des lésions. L’échoendoscopie rectale peut être utile au diagnostic d’atteinte colorectale ; elle s’intègre dans le cadre d’un bilan préopératoire.
Avec ses nombreux symptômes auxquels s’ajoute souvent l’infertilité, l’endométriose digestive est une maladie qui affecte beaucoup la qualité de vie des femmes concernées.
Toutefois, dès que le diagnostic est posé, des traitements efficaces peuvent être proposés. La prise en charge repose avant tout sur le traitement médical ; elle doit être assurée par une équipe pluridisciplinaire, supervisée par un centre expert. Malgré un effet limité sur la taille des nodules digestifs, l’aménorrhée (arrêt des règles) induite par un traitement hormonal permet une amélioration significative des symptômes digestifs dans une majorité des cas. Dans une étude réalisée au CHU de Rouen, il a été observé que les symptômes digestifs peuvent disparaître dans environ 50% des cas chez les femmes sous traitement médical1.
La chirurgie est nécessaire en cas de lésions colorectales occlusives, d’absence d’efficacité des traitements médicaux, et de complications imposant un geste urgent.
Le Dr. Eric Sauvanet est chef du service de chirurgie gynécologique au Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. Il rapporte que la plupart des interventions pour l’endométriose digestive réalisées aujourd’hui cherchent à être les moins invasives possibles.
Les médecins utilisent généralement la cœlioscopie (une opération menée à travers de très petites incisions de l’abdomen) pour limiter les douleurs post-opératoires et permettre au transit de revenir plus vite à la normale2.
Ce type de chirurgie permettrait la guérison dans 85% de cas2. Quant aux douleurs ressenties, elles disparaissent chez près 80% des femmes opérées.
Des résultats qui ont de quoi rassurer toutes les patientes ayant reçu un diagnostic d’endométriose digestive, et les inviter à aller de l’avant, accompagnées par leur équipe soignante.
(1) Roman H, Saint Ghislain M, Milles M, et al. Improvement of digestive complaints in women with severe colorectal endometriosis benefiting from continuous amenorrhoea triggered by triptorelin. A prospective pilot study. Gynecol Obstet Fertil. 2015;43(9):575-581. doi:10.1016/j.gyobfe.2015.07.001]
(2) Interview du Dr Sauvanet : https://www.24hsante.com/endometriose-profonde-definition-symptomes-et-traitements/