L’endométriose se caractérise par une grande variété de manifestations. Pour bien la traiter, les professionnels de santé l’ont classée en trois catégories1 qui correspondent à différents types de cette même maladie. On parle alors d’endométriose superficielle, d’endométriose ovarienne ou encore d’endométriose profonde.
Cette dernière est la forme la plus complexe, car les lésions qu’elle provoque peuvent toucher de très nombreux organes.
Dans les recommandations de bonnes pratiques pour la prise en charge de l’endométriose, le Conseil National des Gynécologues-Obstétriciens Français et la Haute Autorité de Santé définissent l’endométriose profonde comme touchant « l’espace rétropéritonéal ou les viscères (rectum, vagin, vessie, uretère, intestin grêle, etc.). »
Elle est généralement considérée comme la forme la plus sévère de l’endométriose. Sa particularité vient du fait que la muqueuse utérine s’infiltre en profondeur et atteint des organes éloignés de l’utérus.
Lorsque l’endométriose profonde touche le rectum, les intestins et le colon, elle est aussi présentée comme digestive.
La plupart des symptômes de l’endométriose profonde sont corrélés au cycle hormonal de la femme. Non seulement les dysménorrhées (ou règles douloureuses) vont être intenses, mais d’autres types d’inconforts vont se manifester lors des menstruations :
Dans les cas d’endométriose digestive, les patientes peuvent être constipées, souffrir de diarrhées ou encore de ballonnements.
Parmi les autres symptômes évocateurs d’une endométriose profonde, on relève des douleurs chroniques dans la zone pelvienne (la partie inférieure du bassin et au niveau du périnée), mais aussi des dyspareunies profondes, désignant des douleurs ressenties pendant les relations sexuelles lors de la pénétration. L’infertilité peut également être liée à cette forme de la maladie.
Les soupçons d’endométriose vont évidemment surgir des symptômes décrits par les femmes. Si une patiente évoque des règles extrêmement douloureuses, associées à des relations sexuelles compliquées ou des problèmes d’ordre digestif et mictionnel (pour uriner), son médecin ou gynécologue envisagera la possibilité d’être face à une endométriose.
Pour le confirmer et étudier l’étendue des lésions, le professionnel de santé prescrira des examens radiologiques complets : une échographie pelvienne endovaginale (via une sonde) et une IRM (Imagerie par résonnance magnétique) pelvienne, donc des organes contenus dans la partie inférieure du bassin.
Et si le médecin suspecte une atteinte digestive, un coloscanner (ou coloscopie virtuelle) et/ou une écho-endoscopie des organes digestifs, à l’aide d’une sonde également, pourront être effectués.
Il arrive fréquemment qu’une femme découvre qu’elle souffre d’endométriose lorsqu’elle effectue un bilan de fertilité puisque l’endométriose est considérée comme l’une des causes les plus communes d’hypofertilité féminine, c’est-à-dire une capacité affaiblie à obtenir une grossesse naturelle.
Entre les douleurs intenses pendant les règles obligeant à rester alitée et une sexualité peu épanouie du fait des gênes ressenties, l’impact de l’endométriose profonde sur la qualité de vie des femmes est souvent considérable.
L’infertilité a également de très fortes répercussions psychologiques chez les patientes en désir d’enfant.
Mais une fois le diagnostic établi, des traitements existent pour lutter contre l’endométriose profonde…
Si dans certains cas d’endométriose, une solution hormonale peut être prescrite pour minimiser les symptômes de la maladie, le traitement de base dans le cas des endométrioses profondes reste la chirurgie.
Quelle que soit la localisation des lésions (sur la vessie, sur les uretères conduisant l’urine depuis les reins, sur le colon ou sur le rectum…), le médecin procèdera soit à une exérèse pour retirer les nodules et les kystes endométriosiques, soit à leur destruction par laser ou coagulation.
Aujourd’hui la chirurgie de l’endométriose profonde se pratique généralement par cœlioscopie (autrement dit, sans ouvrir la paroi abdominale), et donne des résultats très satisfaisants avec une vraie diminution des douleurs et un retour possible de la fertilité2.
(1) Classification validée par la Haute Autorité de Santé (HAS) et le Conseil National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) en 2018, dans le document « Prise en Charge de l’endométriose » (Recommandation de bonne pratique)
(2) Selon le document mentionné du CGNOF et de la HAS, « les taux de grossesse obtenus (spontanément et après Assistance Médicale à la Procréation) après chirurgie des lésions profondes d’endométriose sans atteinte colorectale varient de 40 à 85 %. Après chirurgie des lésions d’endométriose colorectale spécifiquement, les taux de grossesses (obtenues spontanément et après AMP) sont de 47 à 59 % selon les études. » La FIV est également préconisée dans certains cas.