Les personnes souffrant de douleurs chroniques ne répondant pas aux traitements habituels, comme par exemple les femmes atteintes d’endométriose, peuvent être prises en charge par un médecin algologue. Zoom sur cette spécialité médicale.

Qu’est-ce qu’un algologue ?

Le médecin algologue est un médecin spécialisé dans l'évaluation et le traitement de la douleur chronique. Une douleur est considérée comme chronique dès lors qu’elle évolue depuis plus de trois mois. L’algologue est un médecin qui a suivi une formation spécifique complémentaire à sa formation initiale (Diplôme d’Etudes Spécialisées Complémentaires Médecine de la Douleur et Médecine Palliative) pour prendre en charge les douleurs chroniques. L’algologue exerce le plus souvent dans une structure hospitalière de prise en charge de la douleur (les CETD : Centres d’Évaluation et de Traitement de la Douleur). D’autres professionnels de santé peuvent se former à l’algologie en suivant un DIU (Diplôme Interuniversitaire) : infirmiers, kinésithérapeutes, sages-femmes, psychologues, ergothérapeutes, ostéopathes.

Quand faut-il consulter un spécialiste de la douleur ?

La douleur chronique touche plus de 12 millions de personnes en France, pourtant 70% d'entre eux ne reçoivent pas un traitement approprié pour leur douleur¹. Voici quelques exemples de douleurs chroniques :

• Les douleurs pelvi-périnéales (notamment celles liées à l’endométriose)
• Les douleurs neuropathiques
• La migraine et céphalées
• Les douleurs post-opératoires ou cicatricielles
• Les lombalgies et lomboradiculalgies
• Les douleurs arthrosiques et musculo-squelettiques
• Les douleurs causées par les cancers…

Il est recommandé « d’avoir recours à un algologue en cas de douleurs chroniques non ou peu soulagées par la prise en charge médicale initiale » explique le Dr Emilie Piquet-Raynaud, médecin algologue spécialisée dans la prise en charge des douleurs pelviennes et périnéales au Pôle Santé Saint Jean. C’est le médecin traitant ou un médecin spécialiste qui doit adresser un(e) patient(e) à un médecin algologue.

Comment l’algologue soigne-t-il les douleurs ?

Le médecin algologue prend en charge la douleur dans sa globalité associant une prise en charge pluridisciplinaire (médecin, kinésithérapeute, psychologue, psychiatre, infirmier, spécialisés en douleurs chroniques) et plurifactorielle. Pour cela, il évalue la douleur dans toutes ses dimensions : son intensité, sa cause, ses mécanismes, son retentissement sur la qualité de vie et les capacités fonctionnelles, ainsi que le contexte psychologique et social. L’évaluation repose sur l’interrogatoire du patient (de la patiente), son examen clinique et l’utilisation de questionnaires et échelles validés. « Ces échelles de la douleur sont des outils pour nous aider à identifier, quantifier et décrire les plaintes douloureuses de nos patients. Elles nous permettent d’apprécier leur impact sur la qualité de vie ou encore leur retentissement émotionnel. Ces échelles sont également une aide pour suivre l’évolution et l’efficacité de nos traitements » décrit le Dr Emilie Piquet-Raynaud. L’objectif de la prise en charge algologique est avant tout de réduire le handicap et d’améliorer la qualité de vie des personnes qui ont des douleurs chroniques.

Quels sont les outils thérapeutiques de l’algologue ?

Le médecin algologue a à sa disposition un arsenal thérapeutique très complet qui associe des traitements médicamenteux et non-médicamenteux pour une prise en charge des différentes composantes de la douleur. Ainsi, le médecin algologue peut proposer des traitements médicamenteux antalgiques pour traiter les crises douloureuses ou des traitements antalgiques de fond permettant de contrôler le fond douloureux, des traitements locaux (patch, infiltration), ou encore des traitements non médicamenteux de type neurostimulation électrique transcutanée (électrostimulation TENS), kinésithérapie, ostéopathie et des approches psycho-corporelles : relaxation, hypnose, sophrologie, méditation, psychothérapie, thérapies cognitives et comportementales (TCC), thérapie EMDR basée sur les mouvements oculaires (« Eye Movement Desensitization and Reprocessing »). Le protocole de soin est personnalisé selon les besoins et attentes des patient(e)s, en s’appuyant sur une équipe pluridisciplinaire de soignants.

L’algologue dans la prise en charge de l’endométriose : un rôle essentiel

L’endométriose est une maladie chronique très pourvoyeuse de douleurs chroniques. « Environ 70% des femmes atteintes présentent des douleurs invalidantes, pouvant s’exprimer sous différentes formes : règles douloureuses, douleurs pelviennes répétées ou continues, lombalgies, douleurs neuropathiques, mais aussi des douleurs urinaires, digestives ou douleurs lors des rapports sexuels » informe le Dr Emilie Piquet-Raynaud. Celle-ci insiste sur le fait que toutes les femmes ayant une endométriose avec des douleurs chroniques non soulagées par leur traitement sont légitimes pour bénéficier d’une prise en charge par un algologue. « De plus, une prise en charge précoce permettrait d’améliorer la réponse au traitement et d’éviter la chronicisation de ces douleurs » ajoute-t-elle. L’objectif est d’informer et de conseiller les femmes atteintes d’endométriose afin de les aider à mieux comprendre et mieux vivre leur maladie grâce à des outils thérapeutiques.

La prise en charge thérapeutique repose sur une synergie de différents traitements et une prise en charge pluriprofessionnelle associant des traitements antalgiques médicamenteux et non médicamenteux (neurostimulation électrique transcutanée TENS, kinésithérapie, ostéopathie, acupuncture, prise en charge émotionnelle…) qui permettent de traiter les différentes composantes de ces douleurs et d’améliorer au maximum la qualité de vie.

Références :

(1) Améliorer la prise en charge de la douleur en France. Treize organisations appellent à agir en urgence et proposent 22 actions concrètes, SFETD, 19 novembre 2020

Sources :

• Brochure prise en charge multidisciplinaire de l’endométriose, CHU Ambroise Paré
• Karp BI, Stratton P. Endometriosis-associated chronic pelvic pain. Med. 2023 Mar 10;4(3):143-146. doi: 10.1016/j.medj.2023.02.006. Epub 2023 Feb 28. PMID: 36858044.