L'endométriose au travail
L’endométriose n’est pas facile à vivre, du fait de ses symptômes handicapants, mais également de l’incompréhension liée à cette maladie encore taboue. L’endométriose est la cause d’absentéisme professionnel, d’abandons de carrières et de démotivation. Entre les douleurs, des capacités physiques restreintes, mais également des difficultés de concentration dues à la fatigue chronique, vivre sa carrière professionnelle avec l’endométriose est loin d’être simple. Si vous aussi vous souffrez d’endométriose et que vous recherchez des conseils pour concilier les deux du mieux possible, nous vous proposons ici quelques pistes. Lisez attentivement ce qui va suivre.
Quel est l’impact de l’endométriose sur le travail ?
L’endométriose est une pathologie particulièrement complexe à vivre au quotidien car elle peut engendrer des douleurs considérables. Parfois même, elle empêche les femmes qui en souffrent de se déplacer. Celles qui maintiennent une station debout prolongée affirment faire face à des douleurs difficilement supportables, conduisant la plupart du temps à l’absentéisme.
Selon une enquête publiée par EndoFrance1, pour 65% des femmes atteintes de cette maladie chronique, l’endométriose impacte négativement leur bien-être au travail. En France, c’est presque 11 heures de travail perdues chaque semaine2 à cause de l’absentéisme ou de la perte d’efficacité engendrés par la maladie.
Perte de concentration, baisse de motivation, absentéisme, diminution des capacités physiques, mais aussi fatigue chronique, le bilan est très négatif.
L’endométriose reste une maladie méconnue : en France, les femmes qui en souffrent font face à l’errance médicale pendant en moyenne 7 ans1, avant d’obtenir un diagnostic clair et précis. Mais depuis 2013, de nombreuses associations voient le jour pour aider les femmes à obtenir des soins adaptés et un soutien à la fois physique et psychologique pour mieux vivre la maladie.
Comment gérer endométriose et carrière professionnelle ?
Difficile d’envisager une carrière professionnelle épanouie quand on peine à être productive, ou quand la douleur prend le dessus. Pour vous aider à y voir plus clair sur les possibilités existantes quand le quotidien professionnel et l’endométriose deviennent incompatibles, nous vous proposons ici quelques pistes à exploiter :
L’Affection Longue Durée (ALD)
Considérée comme invalidante, l’endométriose peut faire l’objet d’une prise en charge ALD sous certaines conditions. Appelée aussi « ALD 31 », cette prise en charge concerne surtout les formes sévères ou évolutives de la maladie. Pour bénéficier de cette ALD, qui prévoit la possibilité de s’absenter de son travail pour tous les rendez-vous médicaux et un remboursement intégral des soins, rapprochez-vous de votre médecin traitant qui vous aidera à faire la demande.
La reconnaissance qualité de travailleur handicapé RQTH
Bien que l’endométriose ne soit pas encore reconnue comme maladie handicapante au sens propre du terme, vous pouvez demander une « reconnaissance qualité de travailleur handicapé », connue aussi sous l’acronyme RQTH. Cette démarche permet de bénéficier d’aides spécifiques et d’un aménagement des horaires pour se rendre à ses rendez-vous médicaux, et justifier des absences liées à la maladie. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre médecin traitant qui pourra vous donner la marche à suivre pour l’obtenir. Cette reconnaissance est accordée pour une durée déterminée, la demande doit être renouvelée si nécessaire.
Le mi-temps thérapeutique
Le mi-temps thérapeutique propose un aménagement de la durée du temps de travail pour améliorer l’état de santé du salarié ou favoriser sa guérison. Suite à un arrêt de travail de plus de 6 mois, il est possible de bénéficier de ce mi-temps pour reprendre progressivement le travail.
En France, cet aménagement peut être mis en place sur proposition du médecin traitant, avec l’accord de l’employeur et du médecin_conseil de la Sécurité Sociale.
Le congé menstruel
Dans le cadre de la qualité de vie au travail, une société montpelliéraine a instauré dans son entreprise au 1er Janvier 2021 le congé menstruel. Il permet aux femmes souffrant de règles douloureuses de bénéficier d’un jour de congé payé supplémentaire par mois, si elles en ressentent le besoin. Elles peuvent ainsi s’absenter sans que cela n’impacte leur salaire.
La mise en place d’un tel congé dans une entreprise est un premier pas vers la levée du tabou et la reconnaissance des règles douloureuses.
Le télétravail
S’il ne résout pas le problème de travailler avec l’endométriose, le télétravail peut toutefois vous permettre de travailler dans des conditions plus confortables et d’éviter la fatigue liée aux déplacements du domicile vers le lieu de travail. C’est une solution déjà mise en place par certaines entreprises, qui se développe encore en raison des changements que la crise COVID a impliqué. Malheureusement, tous les métiers ne sont pas adaptés au télétravail.
Dans tous les cas, le dialogue avec vos collègues et vos supérieurs est important pour éviter l’isolement et l’incompréhension. Parler de votre maladie permettra à tous de mieux comprendre les raisons d’absences répétées, certaines réactions ou une baisse de productivité. Instaurer le dialogue ouvre la voie d’une meilleure compréhension et peut également permettre la mise en place d’une organisation profitable à tous.
Notes et sources :
(1) Enquête sur la qualité de vie des femmes atteintes d’endométriose - EndoFrance et Ipsos avec les laboratoires Gedeon richter
(2) Site de l’association Info Endométriose