Polypes utérins : quels signes et quels traitements ?
Les polypes qui se développent dans l’utérus sont très fréquents chez les femmes de tous âges. Découvrez quelles peuvent être les conséquences d’un polype et comment il est pris en charge.
Qu'est-ce qu'un polype utérin ?
Un polype utérin est une tumeur le plus souvent bénigne de l’utérus. Cela correspond à un épaississement de l’endomètre, la muqueuse qui recouvre la paroi interne de l’utérus. Le polype est constitué de muqueuse et prend la forme d’un nodule (une boule), qui peut être pédiculée (avec un pied d’insertion) ou sessile (avec une large base d’implantation). Il est possible d’avoir un ou plusieurs polypes en même temps. « Les polypes utérins sont l’un des problèmes gynécologiques les plus courants chez les femmes de plus de 25 ans » introduit le Pr Hervé Fernandez, gynécologue obstétricien et chef du service de gynécologie obstétrique de l'Hôpital du Kremlin-Bicêtre (Paris). La fréquence des polypes utérins est assez élevée (jusqu’à 40 % des femmes à travers le monde) surtout après 40 ans1. Hormonodépendants (stimulés par les hormones comme les œstrogènes), les polypes utérins ne touchent généralement pas les femmes avant 30 ans. En revanche, leur incidence est beaucoup plus élevée en péri-ménopause (entre 45 et 60 ans). Une étude a montré ainsi que 61% des interventions chirurgicales pour retirer un polype étaient effectuées chez des femmes de plus de 50 ans, 24,5% chez des femmes âgées de 40 à 50 ans et 14,4% chez des femmes de moins de 40 ans2.
Les femmes de moins de 40 ans ayant un Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ont plus de risque d’avoir des polypes. « 10% des femmes ont un syndrome des ovaires polykystiques, pathologie endocrinienne la plus fréquente de la femme jeune. L’hyperœstrogénie (surplus d’œstrogènes) peut favoriser un épaississement de l’endomètre et donc la formation de polypes » souligne le médecin.
Quelles différences entre polypes et fibromes utérins ?
Le polype utérin diffère du fibrome, autre tumeur bénigne de l’utérus. « Le fibrome utérin se développe lui à partir du tissu musculaire (myomètre). » Il a la consistance de la paroi utérine et est dur. « En outre, un polype est toujours situé dans la cavité utérine, alors que le fibrome peut être présent dans la paroi de l’utérus » précise le Pr Fernandez. Autres différences entre polypes et fibromes : le polype ne dépasse pas 3-4cm ou exceptionnellement alors que le fibrome peut devenir très volumineux. Avant l’âge de 45 ans, un polype est en majorité bénin. En revanche, « chez les femmes de plus de 45 ans et surtout après la ménopause, 1 fois sur 10 quand il est associé à des saignements en dehors des règles le polype est cancéreux » indique le gynécologue. En revanche, le fibrome utérin est une tumeur bénigne, dépourvue de potentiel malin. Bien que le mot « tumeur » puisse faire penser au pire (cancer de l'utérus), il s'agit d'une pathologie bénigne. Elle est non-cancéreuse et ne se propage pas à d'autres organes (pas de métastases).
Polypes de l’utérus : quels signes ?
Les polypes utérins entraînent chez une femme non ménopausée des saignements plus importants pendant les règles (ménorragies) ou des saignements entre les règles (métrorragies) voire les deux (ménométrorragies). Chez les femmes ménopausées, la survenue de métrorragies correspond au symptôme le plus fréquent de découverte de polypes utérins. Les polypes ne se signalent pas par des douleurs dans la majorité des cas.
Le diagnostic d’un polype s’effectue généralement par une échographie pelvienne. « De plus en plus ce sont des échographies 3D qui sont pratiquées car elles permettent une meilleure visualisation de la cavité utérine » informe le Pr Fernandez. L’échographie pelvienne renseigne sur la localisation du polype, sa taille, sa vascularisation. Une hystéroscopie diagnostique, examen médical permettant d’observer l’intérieur de l’utérus à l’aide d’un système optique (l’hystéroscope), faite en consultation peut confirmer le diagnostic sans douleurs spécifiques. Cette hystéroscopie peut permettre de réaliser le traitement en même temps que le diagnostic. « Un polype utérin peut également être responsable de fausse couche s’il fait entre 1 et 2cm et représenter un facteur d’infertilité s’il dépasse 2cm » informe notre expert. La découverte d’un polype peut être fortuite, à l’occasion d’un bilan d’infertilité ou être réalisée en présence de signes évocateurs.
Quand consulter ?
Une augmentation forte de votre flux menstruel ou des saignements en dehors de vos règles doivent vous amener à consulter votre gynécologue lorsque ces signes sont récurrents.
Le traitement des polypes utérins
Lorsque les polypes ne dépassent pas la taille de 15mm, ils disparaissent spontanément dans les 3 mois dans 1 cas sur 3. Ils sont donc recontrôlés avant de discuter d’un traitement opératoire et ceci quel que soit l’âge. « Un polype qui fait moins de 10 mm n’a pas toujours besoin d’être pris en charge chez une femme de moins de 45 ans. Il doit être retiré si la femme présente des saignements.
Si un polype fait entre 15 et 20mm, il doit faire l’objet d’une intervention chirurgicale quel que soit l’âge de la patiente. Et un polype est retiré systématiquement chez une femme de plus de 45 ans » enseigne le gynécologue.
L’ablation du polype se fait par hystéroscopie et est pratiquée souvent seulement avec une anesthésie locale du col de l’utérus. Ce traitement chirurgical endoscopique consiste à opérer en passant par les voies naturelles (le vagin) avec un hystéroscope (long tube avec une caméra à son extrémité) sur lequel sont introduits de mini-instruments. « Nous pouvons utiliser un hystéroscope avec un ciseau et une pince ou un hystéroscope avec morcellateurs qui morcèlent le polype et permettent de le récupérer par morceaux » détaille le Pr Fernandez. Une analyse histologique du polype retiré est réalisée de façon systématique afin de voir si le polype n’est pas cancéreux.
Notes & Sources :
Brigitte Raccah-Tebeka, Geneviève Plu-Bureau, Anne Harhad, La ménopause en pratique, Editions Elsevier Masson · 2019
(1) Salm, Richard. The incidence and significance of early carcinomas in endometrial polyps. The Journal of Pathology 108 (1972): n. pag.
(2) Polena V, Mergui JL, Zérat L, Daraï E, Barranger E, Uzan S. Résultats à long terme de la résection des polypes endométriaux chez 367 patientes. Place de l'endométrectomie associée [Long-term results of hysteroscopic resection of endometrial polyps in 367 patients. Role of associated endometrial resection]. Gynecol Obstet Fertil. 2005 Jun;33(6):382-8. French. doi: 10.1016/j.gyobfe.2005.04.021. PMID: 15936974.