Trouble dysphorique prémenstruel (TDPM)

Le trouble dysphorique prémenstruel est une forme du syndrome prémenstruel (SPM) qui se caractérise par des symptômes psychiatriques. Zoom sur les symptômes du TDPM et sur sa prise en charge.
Les symptômes prémenstruels (SPM) comprennent une constellation de troubles de l'humeur, comportementaux et physiques qui surviennent selon un schéma cyclique avant la menstruation, puis disparaissent après la période menstruelle chez les femmes en âge de procréer. La plupart des femmes ne ressentent qu'un léger inconfort et les symptômes n'interfèrent pas avec leur vie personnelle, sociale ou professionnelle ; cependant, 5 à 8 % des femmes présentent des symptômes modérés à sévères pouvant entraîner une détresse importante et une déficience fonctionnelle1.
Qu'est-ce-que le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) ?
Le trouble dysphorique prémenstruel correspond à la forme la plus grave du syndrome prémenstruel avec la plus grande altération du fonctionnement et de la qualité de vie perçue des femmes, les incitant souvent à rechercher un traitement1. 3 à 8% des femmes en âge de procréer en souffriraient2. « Dans cette forme, les symptômes physiques du syndrome prémenstruel (seins gonflés, douloureux, gonflement abdominal, troubles du transit, maux de tête, troubles du sommeil, douleurs pelviennes…) peuvent être présents mais passent au second plan par rapport aux troubles psychiatriques » explique le Dr Joëlle Robion, gynécologue médicale, membre du Syngof. La cause de ce trouble n’est pas parfaitement connue. Il existe cependant des facteurs de risque associés au développement du SPM/PMDD, dont certains sont bien établis, tels que des événements traumatisants et troubles anxieux préexistants, tabagisme, obésité. Des études sur des jumeaux ont impliqué des facteurs héréditaires dans le développement du syndrome prémenstruel et du TDPM.
Des preuves récentes issues d'études de recherche suggèrent que les schémas de libération des hormones reproductives sont normaux chez les femmes atteintes qui présentent un syndrome prémenstruel/TDPM, mais qu'elles ont une sensibilité accrue aux variations cycliques des niveaux d'hormones reproductives, ce qui les prédispose à ressentir des troubles de l'humeur, comportementaux et somatiques1.
Diagnostic et suivi du trouble dysphorique prémenstruel
Les symptômes principaux du trouble dysphorique prémenstruel
Les symptômes principaux ? Une humeur dépressive, une anxiété marquée, une instabilité émotionnelle et une diminution de l'activité habituelle. Les femmes présentent des symptômes de TDPM pendant de quelques jours à deux semaines. Pour la plupart, les symptômes s’intensifient 6 jours avant les règles et sont les plus graves 2 jours avant. Ces symptômes doivent être cycliques. Si ces signes apparaissent indépendamment de la phase du cycle menstruel il ne s’agit pas d’un trouble dysphorique prémenstruel mais d’un trouble psychiatrique non hormonal. Le diagnostic est souvent fait par les médecins gynécologues qui adressent leurs patientes à un psychiatre ou un médecin généraliste pour le traitement.
Les critères de diagnostic du trouble dysphorique prémenstruel
Le trouble dysphorique prémenstruel est répertorié dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition (DSM-5) en tant qu'entité distincte sous « Troubles dépressifs », avec les critères de diagnostic comme suit :
- Critère A - Au moins 5 des 11 symptômes suivants (dont au moins 1 des 4 premiers répertoriés) doivent être présents :
- L’humeur dépressive marquée, sentiments de désespoir ou autodépréciation (idées de dévalorisation)
- Une anxiété marquée, tensions, impression d'être nouée, tendue, nerveuse.
- Une labilité émotionnelle marquée
- Colère ou irritabilité marquée et persistante ou augmentation des conflits interpersonnels.
- Diminution de l'intérêt pour les activités habituelles
- Difficultés subjectives à se concentrer.
- Léthargie, fatigabilité excessive ou perte d'énergie marquée.
- Modification marquée de l'appétit, hyperphagie, envie impérieuse de certains aliments.
- Hypersomnie ou insomnie.
- Sentiment d'être débordée ou perte de contrôle.
- Autres symptômes physiques tels que tension ou gonflement des seins, céphalées, douleurs articulaires ou musculaires, impression d'enfler, prise de poids.
- Critère B - symptômes suffisamment graves pour interférer de manière significative avec le fonctionnement social, professionnel, sexuel ou scolaire.
- Critère C - symptômes directement liés au cycle menstruel qui ne doivent pas simplement représenter une exacerbation des symptômes d'un autre trouble, tel qu'un trouble dépressif majeur, un trouble panique, un trouble dysthymique ou un trouble de la personnalité (bien que les symptômes puissent se superposer à ceux de ces troubles).
- Critère D - les critères A, B et C sont confirmés par des évaluations quotidiennes prospectives pendant au moins 2 cycles menstruels symptomatiques consécutifs. Le diagnostic peut être posé provisoirement avant cette confirmation.
Trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) : quel traitement ?
Le premier interlocuteur de la femme souffrant d’un TDPM peut être son médecin généraliste, son gynécologue ou bien même son psychiatre ou psychologue. Une prise en charge pluridisciplinaire peut être nécessaire. En première intention, le traitement repose sur des mesures hygiéno-diététiques (sport, réduction d’apport en sel, sucre, alcool et caféine). Parfois, cela suffit à améliorer les symptômes. Des méthodes pharmacologiques peuvent néanmoins s’avérer nécessaires. Le cas échéant, des antidépresseurs sont prescrits. « Les anti-dépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (IRS) sont les plus efficaces » précise le Dr Robion3.
Pour les symptômes très graves, en cas d’échec des antidépresseurs, la suppression de l'ovulation par des thérapies hormonales qui mettent les ovaires au repos et bloquent l’ovulation peut être utilisée. Cependant, cela provoque une ménopause médicale et entraîne des bouffées de chaleur et un risque accru d'ostéoporose. Le Danazol, s'est révélé efficace dans le traitement du TDPM en inhibant l'ovulation. Cependant, il est associé à l’hirsutisme et à la tératogénicité et n’est donc pas préféré comme agent initial. L’efficacité dans le traitement du TDPM des pilules contraceptives orales, bien que largement utilisées dans la pratique clinique, n'a pas été fortement étayée par des preuves. La drospirénone (un gestagène) s'est révélée particulièrement efficace dans le traitement des symptômes du TDPM en raison de ses effets anti-aldostérone et anti-androgènes. « La drospirénone a en plus un effet diurétique qui évite la rétention d’eau » précise le Dr Robion3.
Un soutien psychologique peut être utile en plus du traitement médicamenteux. Des thérapies cognitivo-comportementales de gestion du stress telles que la relaxation, la méditation, le yoga et les techniques de respiration semblent réduire les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel.
Notes & Sources :
(1) Mishra S, Elliott H, Marwaha R. Premenstrual Dysphoric Disorder. 2023 Feb 19. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2024 Jan–. PMID: 30335340.
(2) Bianchi-Demicheli F, Lüdicke F, Campana A. Trouble dysphorique prémenstruel : approche et traitement [Premenstrual dysphoric disorder: approach and treatment]. Gynecol Obstet Fertil. 2003 Jan;31(1):49-54. French. doi: 10.1016/s1297-9589(02)00007-3. PMID: 12659785.
(3) Hofmeister S, Bodden S. Premenstrual Syndrome and Premenstrual Dysphoric Disorder. Am Fam Physician. 2016 Aug 1;94(3):236-40. PMID: 27479626.